ROBIN GOLDRING / Philippe Cabestan (2002)


Pour Robin Goldring

On se souvient peut-être que les hommes de la Renaissance dénommaient section dorée, ou divine proportion, le nombre irrationnel correspondant à un rapport déterminé entre deux segments inégaux. Peintres, architectes, sculpteurs, certains d’entre eux tout du moins, pensaient alors détenir le secret de leur art. Sans doute ne sommes-nous plus très sûrs que la beauté soit d’essence mathématique mais nous conviendrons volontiers qu’elle ne saurait surgir indépendamment d’un rythme, d’un ordre ou encore d’une règle. Pour nous en convaincre il n’est que de contempler les récents travaux de Robin Goldring qui, depuis maintenant une vingtaine d’années, poursuit d’étonnantes recherches « autour » de la peinture.
Une partie d’entre elles fait appel à une technique qui lui est propre, et procède à des collages dont les supports sont des morceaux de rubans adhésifs transparents sur lesquels se trouvent combinés, mais aussi parfois peints, des éléments plus ou moins figuratifs. Dans le prolongement de ces travaux, Robin Goldring travaille sur des peintures de grand format. Cependant, la toile n’est pas son support privilégié, et c’est encore autre chose que cette exposition dans la Galerie Prodromus offre à nos regards.
Comme on peut le constater, Robin Goldring abandonne le châssis et incurve ses supports en les soumettant à des tensions nouvelles afin de les rendre plus accueillants et comme plus « amoureux ». C’est à partir d’un tel travail qu’il lui est possible d’aborder cet exercice à bien des égards périlleux du nu. Ainsi nous est proposé une série remarquable de tableaux consacrée au corps et à son volume. Seins, nombril, sexe sculptent la surface de la peau. C’est elle, sa carnation, sa douceur, le propos du tableau.
A sa manière, l’œuvre de Robin Goldring possède sa sectio aurea. Il y a quelque temps, notre peintre a découvert dans un autoportrait de William Hogarth, exposé à la Tate Gallery, un élément apparemment secondaire mais pour lui riche de promesses. Là, en bas à gauche de la toile, repose à même le sol une palette de peintre sur laquelle on peut lire : « The line of Beauty and Grace » ; flotte immédiatement au-dessus une simple ligne. Quelle ligne ? Afin d’en donner tout de même une idée, on pourrait la comparer à la trace sinusoïdale que, par impossible, laisserait derrière soi le lent mouvement de la houle ; ou, plus simplement, inviter les visiteurs à considérer la tranche des œuvres exposées.


© Philippe Cabestan