LISE FOLLIER / Lise Fauchereau (2005)


La première exposition personnelle de Lise Follier présente des travaux en gravure, dessin et sculpture sur le thème du portrait et du corps. En bois gravé l’artiste nous présente trois nus déclinés en trois séries de quinze planches soit un ensemble de quarante-cinq estampes de petit format. Lise Follier n’est pas une théoricienne et sa réflexion passe par l’expérimentation et le travail de la matrice. Pour une gravure l’artiste effectue jusqu’à quarante passages différents pour obtenir un résultat. Cette recherche est centrée sur la couleur. Le graveur à l’impression superpose différentes teintes au moyen de repères sur la planche, et selon le temps de séchage, l’essuyage, apparaissent ou non certaines nuances, certains rendus. L’approche visuelle n’est en rien statique et le visiteur est amené à découvrir, redécouvrir, ou chercher un sujet qui évolue et qui parfois lui échappe. Le spectateur n’est pourtant jamais perdu, au contraire. La forme simple du sujet le nu, est un repère. Le jeu de lumière et de transparence obtenu est plein de subtilités, l’impression sur papier ou sur médium à la façon du monotype, est plus proche de la peinture que de la gravure. En dessin Lise Follier travaille de façon plus libre et charnelle. Elle utilise l’encre calligraphique traditionnelle travaillée au pinceau, un rappel aux origines coréennes de l’artiste. La matière ainsi mouillée voire diluée permet d’appréhender des détails corporels généreux pour les nus féminins sur fond jaune et des bouches charnues et pulpeuses. Ces dessins sont croqués d’après nature. Enfin, sont présentées des sculptures en métal, datant elles aussi de 2004. Depuis janvier l’artiste courbe, enroule et déforme le fil d’acier, le volume de la sculpture est rendu par le fil qui matérialise la forme. Les figures ainsi façonnées nous font penser au petit Cirque de Calder ou encore aux dessins de Matisse tracés d’un seul trait, mais cette fois en trois dimensions. L’artiste s’est donnée la même contrainte pour les portraits. Ainsi, le regard à la manière d’un crayon, peut suivre le trajet du fil métallique sans jamais lever les yeux. Les animaux eux sont traités de façon plus familière et nous rappellent les illustrations en linogravure de Zoographie, un ouvrage paru en 2003. On est tout de suite conquis par toutes les attitudes des sujets seuls, en couple ou accompagnés, qui sautent, volent, s’accrochent ou dansent et célèbrent ainsi la joie et la gaieté. Il y a du bonheur dans toutes ces œuvres, aussi bien gravées, dessinées que sculptées, et le visiteur est invité à en consommer sans modération aucune.


© L. Fauchereau (Nouvelles de l’estampe, n° 197, décembre-janvier 2005)